Menage alphabetique


Partant du titre descriptif d’une œuvre connue, remettre en ordre alphabétique ses substantifs et verbes, pour produire une nouvelle œuvre.

Plus précisément, il consiste à remettre les mots d’une phrase (noms, adjectifs, verbes) dans l’ordre alphabétique, en gardant la structure grammaticale (en commençant simple : sujet verbe complément, avec des noms et adjectifs). On peut alors être amené à transformer un verbe en nom/substantif (substantivation), ou réciproquement. Son application produit, à partir de n’importe quelle phrase, ce que l’OuLiPo appelle un Abécédaire (voir ici) à cela près qu’on ne considère ici que les noms, adjectifs, verbes.

Cette transformation pourrait s’appliquer par partie de phrase (séparément sur la principale et la subordonnée), par phrase entière, par paragraphe de texte, par chapitre, par volume/tome, par livre, par oeuvre, par école, par style, par genre, etc.  On peut remarquer que cette transformation t est de celles qui, appliquées deux fois, donnent le même résultat qu’une, quelle que soit la phrase P de départ : t(P(P)) = t(P). On peut certes aussi penser à l’édition de « Madame Bovary » de Gustave Flaubert remettant tous les mots utilisés dans le livre entier dans l’ordre alphabétique : « Madame Bovary dans l’Ordre » par Ambroise Perrin, mais il reste absolument au niveau lexical. La différence est qu’ici on conserve la structure des phrases, pour en tirer un sens nouveau, et subséquemment une ymage nouvelle. Une variante probablement curieuse serait d’utiliser l’ordre alphabétique inverse (qui permet, dans la société, de rétablir une forme de justice, par renversement d’arbitraire, quand il s’agit par exemple de listes de noms de personnes accédant à une ressource), en l’appliquant à une même ymage d’origine.

Par exemple : application à La Création d’Adam par Michel-Ange : Adam créé Dieu

Prenons un premier exemple à la fois simple et saillant : La Création d’Adam par Michel-Ange; on peut la voir ici. On peut la décrire par : Dieu, avec ses Anges, Créa Adam. La transformation donne : Adam, avec ses Anges, Créa Dieu. On peut noter que certains mots ou parties d’une phrase peuvent rester sur place, s’il respectent déjà l’ordre : les éléments correspondants de l’image font de même.

On peut aussi remarquer qu’il s’agit là d’une mise en ymage de la mise en perspective assez forte des temps modernes vis-à-vis des rôles respectifs des parties prenantes, et l’émancipation qui  s’en suivit. Notre chamboulement des mots en arrive donc à construire une ymage symbolisant le chamboulement des sens et valeurs du siècle passé (ou deux).

On peut en faire une réalisation assez simplement, en intervertissant les deux têtes, et en les retournant. Il s’en trouve même une réalisation partielle, donc demi-plagiat par anticipation, ici.